L’Arabie saoudite a dit mercredi avoir réévalué les ressources minérales du pays à 2.500 milliards de dollars, soulignant le potentiel d’un secteur appelé à contribuer à la diversification de l’économie du premier exportateur mondial de brut.

« Je suis heureux d’annoncer que notre estimation du potentiel minéral inexploité du royaume est passée de 1.300 milliards de dollars à 2.500 milliards de dollars, soit une augmentation de 90% », a déclaré Bandar Alkhorayef, le ministre saoudien de l’Industrie et des Ressources minérales, lors d’une conférence à Ryad.
« Cette augmentation est due à de nouvelles découvertes de terres rares, à l’augmentation des volumes de phosphate, d’or, de zinc et de cuivre, ainsi qu’à la réévaluation de ces minéraux », a-t-il ajouté.
Le nombre de 1.300 milliards de dollars était cité par des responsables du pays, notamment le prince héritier et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, depuis au moins 2017.
Le premier exportateur mondial de brut, qui cherche à réduire sa dépendance aux combustibles fossiles, mise en partie sur le secteur minier pour attirer les investissements étrangers.
La société de conseil et d’analyse des risques Verisk Maplecroft estime que le développement de ces activités est « l’une des parties les plus réalisables » du programme de réformes Vision 2030 du prince héritier, grâce aux infrastructures existantes, notamment les chemins de fer.
Plutôt que d’être seulement un producteur de pétrole « nous voudrions être un pays producteur de toutes les sources d’énergie », a affirmé à son tour le ministre saoudien de l’Energie, Abdulaziz ben Salmane.
Le fonds souverain du royaume et la société minière d’Etat Maaden ont créé l’année dernière Manara Minerals, pour investir dans des actifs miniers à l’étranger. Manara a annoncé en juillet sa première grande acquisition, une participation de 10% dans la société brésilienne Vale.
Les investissements directs en Arabie Saoudite restent toutefois « loin des objectifs », a souligné Torbjorn Soltvedt, de Verisk Maplecroft.
Le secteur minier est « l’un des meilleurs atouts pour stimuler les investissements étrangers », souligne-t-il. « Mais l’Arabie saoudite n’a pas encore conclu d’accord historique avec une grande société minière mondiale pour aucune de ses licences minières actives », tempère M. Soltvedt.

– « Pilier » –
Le Forum sur les minéraux du futur (FMF) de cette semaine à Ryad a attiré des délégations de « plus de 77 pays », selon les organisateurs, y compris des pays africains riches en ressources, où l’Arabie saoudite devrait procéder à des acquisitions minières.
Washington a de son côté envoyé un important contingent, notamment Geoffrey Pyatt, secrétaire d’Etat adjoint aux ressources énergétiques, qui a notamment déclaré que les Etats-Unis se concentraient sur « la manière de réduire les risques liés » à leur « dépendance à l’égard de la Chine » en prévision de leur transition énergétique.
Torbjorn Soltvedt a lui affirmé que l’exploitation minière pourrait devenir « un autre pilier » des liens entre Washington et Ryad, qui sont depuis des décennies dans un partenariat délicat de pétrole contre sécurité.
« Un accord formel, selon lequel l’Arabie saoudite acquiert des actifs miniers africains et les entreprises américaines obtiennent des droits pour acheter une partie de la production, n’a pas encore vu le jour », a dit M.Soltvedt.
« Mais les discussions se poursuivront », a-t-il assuré.